Immigration

« J’aimerais tellement voir mes enfants »

Sa demande de statut de réfugié rejetée par le Canada, Omar ben Ali, qui se trouve au pays depuis neuf ans, ne peut pas être expulsé vers sa Palestine natale, qui n’a pas d’existence légale aux yeux de la communauté internationale. 

Omar ben Ali n’a pas vu ses enfants depuis près de neuf ans. Lorsqu’il a quitté la Palestine, le plus jeune de ses sept enfants n’était pas né : il ne l’a jamais vu autrement que sur un écran d’ordinateur. Pendant toutes ces années, Omar ben Ali s’est retrouvé coincé dans les limbes du système d’immigration canadien.

« Ces neuf années, ça m’a semblé durer 90 ans. »

Originaire de Jénine, en Cisjordanie, il quitte la Palestine en 2008 après une nouvelle offensive israélienne. « Personne ne veut quitter son pays. Mais quand le danger est si près de notre famille, on n’a plus beaucoup le choix. » Il opte pour le Canada, qu’il voit comme « le pays le plus juste au monde ».

L’objectif : immigrer, puis faire venir la famille. Dès son arrivée à l’aéroport, il dépose sa demande d’asile. Il passe une semaine en détention. Après trois ans et demi d’attente, les autorités d’Immigration Canada rejettent sa demande de statut de réfugié. Il fait appel. Trois autres années et demie s’écoulent. Nouveau rejet.

« L’agente d’immigration m’a fait venir dans son bureau et m’a dit : “Ton cas est rejeté. Mais on ne peut pas t’expulser parce que tu n’as pas de pays d’origine.” »

— Omar ben Ali

Pour expulser un citoyen dans son pays, il doit évidemment y avoir une collaboration de la nation en question. Or, la Palestine n’a pas d’existence légale aux yeux de la communauté internationale. Résultat : il se retrouve dans les limbes juridiques.

« Omar vit depuis neuf ans une situation extrêmement difficile. Une séparation forcée d’avec sa famille. Que devrait-il faire, après neuf ans ? Partir, après s’être battu pendant tout ce temps ? », demande Stefan Christoff, porte-parole du Collectif Tadamon, qui signifie « solidarité » en arabe. Le groupe a lancé hier une campagne pour soutenir Omar ben Ali, qui se déploie sur les médias sociaux avec le mot-clic #statusforomar.

« Clairement, il est un réfugié »

Le groupe estime que le Canada se doit d’accepter sa dernière demande de statut de réfugié, faite pour des motifs humanitaires, et, par la suite, doit faire venir la totalité de la famille ben Ali. Immigration Canada n’a toujours pas statué sur cette demande formulée pour des motifs humanitaires, qui constitue son tout dernier recours.

« La décision de rejeter sa demande n’est pas basée sur la logique ou sur les faits. C’est complètement arbitraire. »

— Stefan Christoff, porte-parole du collectif Tadamon

« Clairement, il est un réfugié. Et Justin Trudeau a fait de nombreuses déclarations pour dire que le Canada soutenait les réfugiés », ajoute M. Christoff

Ils lancent donc un appel directement au premier ministre, d’autant qu’Omar ben Ali vit dans Papineau, la circonscription de M. Trudeau. Il a d’ailleurs déposé une copie de son dossier au bureau de circonscription de Justin Trudeau. Son message pour le premier ministre ? « J’aimerais tellement voir mes enfants. Ça fait si longtemps que je les ai vus, que je les ai embrassés. »

Nous avons tenté de recueillir des commentaires dans la circonscription de Papineau ainsi qu’à Immigration Canada. Personne au bureau de M. Trudeau n’a rappelé La Presse, et chez Immigration Canada, on n’a pas été en mesure de répondre à nos questions avant publication.

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